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Consensus 2022 : Le diagnostic des tumeurs graisseuses

 

À l’occasion de la sortie d’un nouveau consensus d’experts dédié à la place de l’imagerie diagnostique et interventionnelle dans la prise en charge des tumeurs graisseuses des parties molles, son auteur le Docteur Benjamin Moulin nous en détaille les modalités de réalisation ainsi que les grandes lignes à retenir par les professionnels de santé.

Ce travail, publié dans le Journal Européen de Chirurgie Oncologique en Mars 2022 (online en Octobre 2021) a pour but principal de définir les conduites à tenir et les conditions de prise en charge des patients en fonction des données de l’imagerie.

 

Tu es l’auteur du consensus européen d’experts publié en Mars 2022. Quel a été ton rôle et comment se passe la rédaction d’un tel référentiel ?

Ce travail est en fait le prolongement de la mise au point proposée par le Groupe Sarcome France en 2018 (Fouque A et al.).

Il en reprend les grandes lignes tout en les affinant et ce avec le but d’une diffusion plus large, à l’échelle européenne. J’ai joué un rôle de coordination et de rédaction avec l’appui du Professeur Sylvie Bonvalot.

Sur la méthode, ce consensus d’experts a eu lieu en pleine période Covid et c’est par le biais de réunions zoom puis d’échanges de mails que nous avons travaillé.

Chacun pouvait ainsi et malgré la distance exprimer son point de vue et ses divergences jusqu’à la rédaction d’un document final sur lequel nous étions parfaitement d’accord.

 

De ton point de vue de radiologue, quel est le principal apport de ce consensus dans la pratique des professionnels impliqués dans la prise en charge des tumeurs graisseuses de la paroi du tronc et des membres ?

Le but de ce travail consistait avant tout à fournir un algorithme diagnostique assez simple permettant de s’orienter devant la découverte d’une tumeur graisseuse. C’est en effet une situation très fréquente y compris dans une pratique généraliste de la médecine et de l’imagerie.

Quand demander une IRM ? Quels mentions faire apparaître dans nos comptes-rendus ? Quand faire une biopsie sous guidage de l’imagerie ? Quand référer un patient en centre spécialisé ou se contenter d’une simple surveillance ?

Voilà autant de questions qui sont abordées et dont les réponses ont vocation à faire évoluer véritablement notre pratique.

 

La liste des critères d’atypies en IRM que vous reprenez est, si je ne me trompe pas, la même que celle que l’on connait de longue date. En revanche, vous introduisez une valeur seuil de taille lésionnelle qui diffère selon la profondeur des lésions. Peux-tu nous en dire un peu plus ? 

L’introduction d’une valeur seuil de 5 cm indiquant de biopsier une tumeur graisseuse profonde, même exempte d’atypie, relève en fait d’un double constat.

La possibilité d’un tumeur lipomateuse atypique légèrement supérieure à cette taille est réelle et l’on ne peut prendre de chance de rater ce diagnostic compte tenu de sa malignité locale, d’une part. La chirurgie d’exérèse d’une masse graisseuse est nécessairement plus complexe quand elle est de grande taille, d’autre part.

Ceci incite donc à biopsier des lésions de taille même modérée même si ceci augmente un peu le volume des biopsies sous guidage de l’imagerie qui nous est demandé.

Une autre finalité de ce consensus est de dire quel patient relève d’une prise en charge en centre expert des sarcomes. Quel conseil donnerais-tu à un professionnel de santé cherchant à orienter son patient directement vers les bons interlocuteurs ?

Les choses se sont grandement structurées depuis la mise en place du réseau Netsarc il y a quelques années. Désormais, le site internet expertisesarcome.org propose une carte interactive très bien faite qui permet à chacun de trouver les coordonnées du centre dont il dépend par région et d’accéder à la RCP.

Je profite de l’occasion pour rappeler qu’il est fortement recommandé, quand une indication à référer un patient vers un centre est posée, de l’indiquer clairement dans son compte-rendu radiologique afin d’éviter toute errance diagnostique qui pourrait s’avérer préjudiciable. Des recommandations sur la sémantique à utiliser sont proposées dans l’article.

 

Le Dr Benjamin Moulin est radiologue interventionnel. Il a exercé comme praticien a l’Institut Gustave Roussy puis a l’Institut Curie et il partage actuellement son temps entre l’hôpital Américain de Neuilly sur Seine et l’Institut Français de Radiologie Interventionnelle. Il est l’auteur de nombreux articles publiés dans la littérature scientifique, dont un consensus d’expert relatif à la stratégie diagnostique devant une tumeur graisseuse des parties molles de l’adulte publié en Mars 2022.

Référence : Moulin B, Messiou C, Crombe A, Kind M, Hohenberger P, Rutkowski P, van Houdt WJ, Strauss D, Gronchi A, Bonvalot S. Diagnosis strategy of adipocytic soft- tissue tumors in adults: a consensus from European experts. Eur J Surg Oncol 2022 Mar; 48(3): 518-525.


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