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Gérard Morvan #3

#3 La statique spino-pelvienne sagittale

À l’occasion de la publication via notre plateforme d’un recueil de ses meilleures présentations sur la statique rachidienne et le rachis opéré, Gérard Morvan nous parle du concept révolutionnaire de « statique spino-pelvienne sagittale » qu’il a contribué à populariser ces dernières années.

La statique spino-pelvienne sagittale est un concept biomécanique que vous avez grandement popularisé depuis une dizaine d’années. Sauriez-vous nous en dire plus sur l’histoire de ce sujet ?

Je n’ai fait qu’essayer de comprendre puis d’enseigner ce que d’autres avaient découvert, bien souvent des Français, pionniers dans ce secteur comme d’ailleurs dans de nombreux autres domaines de l’orthopédie : Ginette Duval-Beaupère, qui a eu la géniale intuition des rapports entre bassin et colonne, matérialisés par l’angle d’incidence pelvienne, Catherine Marty, Jean Dubousset… Tous ont passé leur vie à étudier ce concept et à l’appliquer en médecine et en chirurgie.

Ce concept a révolutionné depuis une vingtaine d’années la compréhension de la statique spino-pelvienne normale et pathologique et les techniques chirurgicales de la colonne.

En quoi la connaissance de ce concept modifie t-elle notre compréhension de la statique rachidienne et quelles en sont les grandes lignes ?

En un mot comme en cent, Homo est un. On ne peut le concevoir comme un assemblage de pièces détachées, indépendantes les unes des autres. Colonne, bassin et membres inférieurs sont en équilibre les uns sur les autres et intimement liés par des lois biomécaniques dont la principale est celle-ci : la forme de la colonne dépend de l’épaisseur du bassin, paramètre individuel dont l’angle d’incidence pelvienne est le reflet. À bassin plat, dos plat et à bassin profond colonne sinueuse.

Nous avons tous notre propre façon de tenir debout et choisissons, sans nous en rendre compte, l’attitude la plus économique en énergie, en fonction de la forme de notre corps. Du respect de cette particularité individuelle dépendra la réussite des opérations chirurgicales de la colonne.

« L’incidence pelvienne” est une caractéristique propre à chaque individu. Cela signifie t-il que nous ne sommes pas égaux en terme de de contraintes et de vieillissement de notre squelette axial ?

L’angle d’incidence pelvienne reflète l’ “épaisseur” antéropostérieure de notre bassin. Plus celle-ci est grande, plus notre plateau sacré est incliné. Plus ce plateau est incliné et plus notre lordose lombaire sera marquée, à la manière d’un arbre qui pousse sur un talus en pente, dont le tronc devra s’incurver pour rejoindre la verticale. Plus le talus est en pente, plus le tronc s’incurvera.

De l’importance de la lordose dépendra le type de pathologies dégénératives de la colonne. Une grande lordose entraînera des pathologies dégénératives de l’arc neural (arthrose zygapophysaire et ses conséquences, lyse isthmique, spondylolisthésis…), tandis qu’une faible lordose s’accompagnera de pathologies de surcharge du disque (discarthrose, hernies…).

Ainsi, nous sommes en quelque sorte programmés par la forme de notre bassin. D’où l’importance de l’incidence pelvienne.

Quelles sont les principales applications pratiques du concept de la statique spino-pelvienne sagittale ?

Elles découlent du paragraphe précédent et concernent au premier chef toute la chirurgie de la colonne, mais également la rééducation et même de manière plus générale, la notion de sports à risque, d’activité physique, d’hygiène de vie…

 

Ce concept aura-t-il d’autres applications dans les prochaines années ?

La physiologie de la colonne est, comme toute la biomécanique humaine, complexe et nous n’en sommes qu’au début de nos connaissances. Il ne faut pas oublier que nous sommes construits pour bouger, sauter, courir… et que cet aspect dynamique de notre corps nous échappe encore en bonne partie.

De même nous connaissons encore mal l’action des muscles, des fascias et leur rapports dynamiques précis avec la colonne, avec les immenses conséquences que cela implique.

Bref, il nous reste beaucoup de pain sur la planche et le travail ne manquera pas pour les jeunes générations !

Gérard Morvan est radiologue libéral et membre éminent de la Société d’Imagerie Musculo-Squelettique (SIMS), de l’Académie de Médecine et de l’Académie de Chirurgie.

 

>> Lire les autres parties de l’interview :

#1 Gérard Morvan, un parcours d’excellence

#2 L’imagerie MSK à l’épreuve du temps

“La physiologie de la colonne est, comme toute la biomécanique humaine, complexe et nous n’en sommes qu’au début de nos connaissances”


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